Le vent a soufflé toute la nuit; il semble ne jamais cesser dans cette région. Au réveil, une somptueuse lumière éclaire les hauts plateaux tandis que rapidement quelques cumulus font leur apparition. Des gouttes de pluie apportées par la brise allument un arc en ciel insolite au milieu d'un ciel d'azur. Nous partons accompagnés d'un guide local, Jorge, habillé de manière traditionnelle avec son poncho et son chapeau. L'air matinal est vif, le vent permanent mais le spectacle des champs irisés de soleil est magnifique. Par une large piste nous parcourons ces vallonnements au milieu d'espaces infinis. De temps à autre notre guide rythme la marche des airs enjoués de sa flûte.
Depuis Quito la Panaméricaine, large route à 2 fois 3 voies récemment rénovée, nous conduit vers "l'avenue des volcans". Au passage, le Cotopaxi nous offre la vision inattendue de son cône immaculé perçant brièvement les nuages. A Latacunga nous quittons la Panaméricaine pour emprunter une route nouvellement aménagée en direction des plateaux andins. En fin de journée, les champs prennent une chatoyante couleur ocre et les nuages, que nous survolons , s'effilochent en rougeoyant au couchant. Après un passage vers 4000m la route plonge dans un vaste paysage de hauts plateaux vallonnés Nous faisons halte à la Posada de Tigua, confortable hacienda blottie au creux d'un bosquet d'arbres autour desquels paissent côte à côte lamas, moutons et vaches. À l'intérieur, un poêle diffuse sa douce chaleur tandis qu'une fraîche bise secoue les arbres.




Des habitations isolées apparaissent au milieu des champs cultivés: fèves, oignons, pommes de terre sont les cultures principales de la région. En traversant un village des enfants vêtus de leur uniforme d'écolier tentent de se faire remarquer par quelques pitreries et cris.
Le chemin longe ensuite un abrupt ravin en formation aux curieuses formes colorées et tourmentées. Puis, après une brève remontée, un raide chemin sablonneux et poussiéreux s'insinue entre d'étroites parois jusqu'au fond d'un profond canyon aux falaises délitées. Là, paissent quelques chevaux tandis que les femmes de Quilotoa, village situé à 2 heures de marche, font leur lessive dans le ruisseau.



Après la pause pique-nique nous entamons la remontée sur un sentier escarpé où le sable instable nous oblige à accélérer le pas pour ne pas glisser en arrière. À cette altitude de plus de 3000m nous prenons garde à ne pas nous essouffler, d'autant plus qu'il y a environ 250 m de dénivellation à gravir. Finalement, sans courir, mais avec un pas régulier nous rejoignons le vaste plateau dominé par les pentes du volcan Quilotoa. Une assez longue progression en pente douce permet de gravir ce plateau panoramique et, enfin, en suivant le fond toujours sablonneux d'un nouveau canyon nous atteignons le rebord du cratère. Du mirador la vue sur la caldeira circulaire est spectaculaire avec le lac aux reflets d'azur qui en occupe tout le fond. Le vent permanent nous a bousculé toute la journée et c'est avec grand plaisir que nous rejoignons tout à côté notre hôtel. L'atmosphère de la chambre est glaciale et son équipement spartiate avec, heureusement, un poêle à bois. Après la douche nous nous réchauffons d'un potage, plat traditionnel en Equateur.





La bise glacée qui souffle au soleil couchant nous dissuade de flâner pour admirer la pyramide enneigée de l'Iliniza Sur perçant la couche nuageuse. Nous sommes à 3900m et, dès que le soleil disparaît, les rafales de vent incessantes refroidissent brutalement l'atmosphère et nous nous réfugions près du poêle de la salle à manger en attendant le dîner. Après celui-ci l'hôtelier vient allumer le poêle de notre chambre qui diffuse rapidement une douce chaleur. Malheureusement, celle-ci s'évanouit dès que la maigre provision de bois est consommée.
Des rafales ont martelé le toit avec des grains de sable sans interruption durant la nuit et, au lever du jour, le froid est vif. Pas suffisant, toutefois, pour interdire une rapide escapade matinale afin d'admirer le soleil frappant la lagune irisée qui prend des teintes d'émeraude ou d'argent selon la course des nuages. Bien emmitouflés nous longeons le rebord aérien de la caldeira où les violentes bourrasques de vent nous bousculent parfois brutalement. Mais le paysage est magnifique et des tâches de lumière flottent sur l'eau agitée par le vent.
Notre itinéraire quitte ensuite le bord du cratère pour rejoindre des zones de culture par de raides chemins sablonneux. Le terrain est chaotique et de nombreux ravins rognent les pentes escarpées sur lesquelles les champs cultivés remontent jusqu'aux crêtes. De ci de là nous apercevons les femmes qui cultivent les champs, battent les céréales ou accompagnent leurs troupeaux. Après avoir traversé le village de Guayama San Pedro, établi sur un vaste plateau, le sentier plonge à nouveau dans un profond ravin par un chemin encaissé et sablonneux où nos pas soulèvent un nuage pulvérulent.










Une passerelle artisanale construite avec des troncs en équilibre permet de traverser le ruisseau, heureusement peu large à cet endroit. Ensuite, le chemin remonte une courte pente instable et sablonneuse avant de s'assagir pour franchir les prés situés en contrebas de Chugchilan. Les enfants en uniformes rouges ou gris sortent tout juste de l'école et animent le village tandis qu'ils prennent d'assaut les camions utilisés pour le ramassage scolaire.
Nous quittons Chugchilan par la petite route qui surplombe le profond ravin traversé la veille. Aujourd'hui, nous pouvons marcher en T-shirt car il n'y a pas de vent. La région est toujours très agricole et nous croisons régulièrement des paysans qui gardent leurs troupeaux ou












Nous suivons longuement le cours de la rivière au long de laquelle plusieurs ponts ont été construits: sommaire entassement de planches ou confortable passerelle suspendue. Notre chemin, quant à lui, emprunte un pont établi sur énorme tronc raboté installé 2 mètres au dessus de l'eau et dont la rambarde est particulièrement instable: nous traversons donc avec précaution. Jorge, notre guide, continue de jouer régulièrement de la flûte, notamment à l'approche des fermes pour tenter d'amadouer des chiens à l'allure trop agressive. C'est par un canyon étroit qui s'insinue entre des parois ravinées que nous remontons sur le plateau. Le sentier se poursuit ensuite en contournant plusieurs vallons où sont disséminées de petites fermes. A l'approche de Isinlivi nous croisons à nouveau les enfants rejoignant joyeusement leurs maisons isolées après l'école. C'est en voiture, par une longue piste remontant vers des plateaux d'altitude où la vue s'élargit sur de vastes pentes à l'infini que nous gagnons Lasso où nous faisons étape pour la nuit. Devant nous les sommets des Ilinizas et du Cotopaxi sont malheureusement couverts de nuages ne laissant apparaître que la base de leurs cônes.
cultivent leurs champs. Le chemin descend ensuite rapidement vers le fond du ravin au milieu d'un dédale de falaises plus ou moins écroulées.