Après avoir flâné toute la matinée sur le marché de Saquisili nous prenons la route vers le parc de Cotopaxi. Le temps reste morose malgré quelques brèves éclaircies. Le paysage de hauts plateaux recouverts d'herbe rase dorée ou de lichens gris est vaste mais les sommets se dissimulent dans les nuages. Par moments, l'extrémité des langues glaciaires du Cotopaxi darde sous les nuages. Nous partons pour le tour facile de la laguna Limpiopungo. Malgré le ciel bas, quand la lumière perce entre les nuages le spectacle des masses nuageuses boursouflées au dessus de cet océan de paramo est saisissant.





















Nous rejoignons ensuite rapidement l'hostal Tambopaxi dont la situation privilégiée offre une vision panoramique sur le Cotopaxi. Une violente averse vient saluer notre installation et, un peu inquiets, nous regardons l'eau dégouliner le long de la large baie vitrée de notre chambre qui devrait nous offrir le Cotopaxi sur écran large. Puis, tout à coup, les nuées commencent à se déchirer et les pentes glacées se dévoilent peu à peu derrière les interstices nuageux tandis que le plateau humide brille sous les éclats du soleil. Nous sortons rapidement pour entamer une série de photos en nous promenant sur le plateau. Spectacle formidable de ce cône quasi parfait qui surgit de la pampa dorée jusqu'aux glaces étincelantes. Mais l'éclaircie n'aura duré qu'une heure car, en fin d'après-midi, le brouillard vient effacer le paysage. Mais, nous constatons une nouvelle fois qu'en Equateur le temps est changeant. Dès le début de la nuit, un ciel étoilé de mille feux nous surprend.

La pluie est tombée une partie de la nuit et un voile uniforme de nuages se déploie sur les sommets au-dessus de 5000 m. La base du Cotopaxi est recouverte d'une fine pellicule de neige. Le ciel désespérément gris et les menaces de pluie nous incitent à abandonner nos projets d'ascension. Nous partons donc pour une petite randonnée sur le plateau en direction du site inca de Pucara Salitré. Malgré le ciel bouché la traversée à pied de ces hauts plateaux est plaisante, seuls au milieu de ces vastes espaces qui paraissent sans fin mais jamais monotones. Les espaces d'herbe rase ou de lichen sont entrecoupés de ravins aux rives abruptes dans lesquels les laves d'anciennes éruptions ont tracé leur chemin abandonnant au passage des roches déchiquetées. Quelques troupeaux de chevaux sauvages ou de vaches et de rares oiseaux apportent la vie dans cet univers isolé.
Le site inca est établi sur une éminence offrant un large panorama qui permettait de surveiller aisément les environs. Il en subsiste seulement une enceinte en massives pierres jointives et, tout à côté, des cônes volcaniques utilisés pour des sacrifices rituels. De retour à Tambopaxi nous reprenons la voiture et retournons vers l'entrée du parc par une piste dont la tôle ondulée nous secoue. Nous roulons dans la ouate car le brouillard a envahi tout l'espace.