Nous passons la journée à la découverte du centre historique de Cuenca. Toutes les rues sont quadrillées à angle droit et il est très facile de s'y repérer. De nombreuses maisons colorées avec des balcons fleuris côtoient des églises blanches ou en brique. Dans les rues, les habitants vaquent à leurs occupations dans une ambiance tranquille et bon enfant et la circulation des voitures se fait sans énervement. C'est une ville plaisante où il est bien agréable de flâner et où le carillon cristallin de certaines églises remplace agréablement le réveil-matin.
Les coupoles de la cathédrale s'atteignent par un escalier en colimaçon régulier où il ne faut pas oublier que la ville est quand même à 2500m d'altitude, faute de quoi l'essoufflement est garanti à l'arrivée. De là haut, on profite d'une vue à 360° sur la ville et les montagnes qui l'entourent.
Il règne dans les marchés et dans les rues une joyeuse animation: les femmes portent fréquemment leur costume traditionnel toujours très coloré tandis qu'une multitude de petits vendeurs propose fruits, légumes, glaces et autres friandises dans leurs tricycles.
Enfin, c'est dans la région de Cuenca qu'est fabriqué le célèbre Panama. La tradition du tissage est séculaire et la réalisation peut être très complexe en fonction des motifs d'ornement. Plusieurs boutiques en proposent de nombreux modèles.
Le grand soleil matinal nous incite à prolonger notre séjour à Cuenca pour aller randonner dans le parc Cajas. La traversée des faubourgs est rapide et une fois la ville quittée la route remonte le long d'une longue vallée cernée de raides pentes verdoyantes. Dès l'entrée du parc la vallée s'élargit et nous découvrons un vaste panorama de crêtes et de mamelons rocheux recouverts de paramo entre lesquels se niche une multitude de lacs. Malheureusement un voile nuageux filtre la lumière. Il faut s'inscrire au bureau du centre d'information avant de débuter la randonnée et préciser notre objectif. Nous décidons de découvrir le circuit N°1 qui semble intéressant car il passe auprès de plusieurs lagunes. L'itinéraire commence par contourner la laguna Toreadora puis longe ensuite la base du cerro San Luis avant de traverser un bois de polylepis, arbre au tronc lisse et rouge, le seul poussant à cette altitude de près de 4000m. Le sous-bois est touffu et il faut louvoyer entre les arbres et les blocs rocheux sur un chemin de tourbe souvent glissant. Le sentier redescend ensuite vers las lagunas Unidas. Malgré l'absence de soleil, les couleurs sont surprenantes avec les herbes dorées recouvrant un dédale de monticules. A proximité de la lagune, le terrain devient tellement spongieux et humide que nous hésitons à continuer. Après avoir cherché un passage plus au sec nous renonçons et faisons demi-tour. Des échappées de ciel bleu commencent à apparaître et pendant une courte pause au bord du lac Toreadoro des filaments de lumière viennent miraculeusement éclairer les rives et les touffes d'herbe captent immédiatement cette lumière.
Nous reprenons la Panaméricaine en direction du nord pour rejoindre la petite ville de Canar à proximité de laquelle s'engage une route toute neuve vers Ingapirca. En cette journée de dimanche le site Inca est fréquenté par de nombreux visiteurs équatoriens. Il est situé dans une position dominante sur un amphithéâtre établi sur les pentes d'une quebrada. La visite permet de découvrir des vestiges de murs, de temples, de canalisations et même d'une voie inca pavée qui joignait le site au chemin de l'Inca voisin de quelques kilomètres.
De retour sur la Panaméricaine pluie et brouillard épais nous enveloppent d'un voile humide A nouveau, nous n'aurons rien vu du paysage autour d'Alausi noyé dans les brumes qui se précipitent sur les flancs des montagnes.
Nous poursuivons jusqu'à Guamote, petit bourg situé sur le plateau andin et passons la nuit à l'agréable auberge Inti Sisa dépendant d'un organisme communautaire d'éducation. Nous terminons l'après-midi en parcourant les rues pavées du village aux nombreuses constructions inachevées lui donnant un air de far west avec sa voie ferrée traversant le bourg. On rêverait d'entendre le train siffler.