Le panorama est vaste aussi bien sur le lac que sur la région agricole d'Otavalo, dominée par l'imposant volcan Imbabura. De tous côtés des chaînes de montagne apparaissent. Des fleurs aux couleurs étincelantes bordent le chemin tandis que les herbes dorées du paramo scintillent même quand le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Lorsque les bords de la caldeira sont trop escarpés le sentier s'éloigne un peu pour contourner l'obstacle mais, bien vite, revient surplomber le lac. Craignant de souffrir un peu de l'altitude nous avons mesuré nos efforts et n'avons pas ressenti d'effet désagréable d'essoufflement. A la fin du sentier nous retrouvons une large route goudronnée qu'il faut suivre sur environ 4 kilomètres. Comme elle est peu fréquentée, ce passage est « avalé » sans ennui car la vue panoramique occupe en permanence le regard.
Otavalo, célèbre pour ses marchés quotidiens, nous apparaît sans charme avec ses rues à angle droit bordées de bâtiments, pour la plupart récents, qui ne retiennent pas vraiment l'attention. Seul le Parque Simon Bolivar, cœur central de la ville , dégage une atmosphère de tranquille animation caractéristique des villes sud américaines.
Le marché artisanal semble bien triste, sans âme, entièrement consacré aux souvenirs touristiques et n'est visiblement pas fréquenté par les populations locales.
Le samedi, se déroule le grand marché aux animaux parfaitement organisé: un secteur pour les vaches, un pour les porcs, les moutons, la volaille et autres cochons d'Inde. A côté, quelques vendeurs de cordes colorées et aussi quelques cantines où on fait cuire la soupe et griller des abats que nous n'avons pas dégusté. De nombreux habitants y portent le costume traditionnel et les palabres vont bon train avant de conclure les ventes. Le marché est animé mais sans bousculade et, bien qu'il ne soit que 9 h du matin, il nous semble que l'effervescence soit déjà passée.

















Dominé par le volcan Imbabura, Peguche, petit village proche d'Otavalo vit paisiblement loin de l'agitation touristique. La voie ferrée tout juste rénovée traverse le village et est fréquemment utilisée comme chemin piéton par les habitants. Nous l'empruntons également pour rejoindre la cascade. Cachée au cœur d'une forêt embaumant l'eucalyptus elle jaillit d'une vingtaine de mètres dans un violent fracas. Lieu sacré pour les indiens, l'endroit est fréquenté pour des ablutions rituelles et pour des offrandes. Au retour nous traversons le village dont la tranquillité n'est troublée que par le cliquetis permanent de métiers à tisser industriels. Quelques belles fresques colorées décorent les murs de constructions basses fréquemment inachevées.










Pour notre première randonnée d'acclimatation à l'altitude nous découvrons la laguna Cuicocha. Au centre des visiteurs un garde dont c'est le premier jour d'activité nous accueille fort aimablement. Comme il ignore encore tout des itinéraires de randonnée il se déplace à l'entrée du parc pour chercher sa collègue qui fait tout son possible pour nous renseigner. Nous décidons de partir pour le tour du lac. La chaleur devient plus intense malgré les nombreux cumulus qui parsèment le ciel et cachent à la vue les plus hauts sommets. Mais le vent vient rafraîchir les ardeurs du soleil et la température reste très agréable. La lumière est superbe et le lac d'un bleu azuré contraste avec les pentes escarpées et sombres de la caldeira tandis que sur le plateau en contrebas les prés dorés accrochent les rayons du soleil.
Le sentier large et bien aménagé remonte d'abord vers une reconstitution de vestiges incas: calendrier solaire, calendrier lunaire, lieu d'offrandes et de purification.
En regagnant Otavalo nous faisons halte à Cotacachi, paisible ville où il semble faire bon vivre. Quelques belles maisons de style colonial entourent la place où les habitants papotent en profitant des derniers rayons du soleil en cette fin d'après-midi. Une céramique géante rappelle à notre mémoire que la vie n'est pas toujours aussi tranquille pour les populations indigènes d'Amérique du Sud.
Céramique de Pavel Eguëz: "grito de los excluidos"
Nous passons une nouvelle journée en altitude autour de la laguna Mojanda (3730m). Depuis Otavalo jusqu'au bord de la lagune 18 kms de route raide, aux pavés irréguliers, truffée de nombreux trous nous gratifient d'une longue séance de massages vibrants. Peu avant l'arrivée au lac la silhouette élancée du Fuya Fuya nous domine. Quand nous quittons la voiture le ciel est gris et la surface de l'eau ne reflète qu'une terne couleur métallique. Un large chemin facile en pente douce mène au lac suivant. Par moments de violentes bourrasques de vent soulèvent une poussière pulvérulente qui envahit le chemin. Sans vraiment ressentir les effets de l'altitude nous réalisons cependant qu'il nous est interdit de marcher trop vite. Nous prenons donc notre temps pour rejoindre la laguna Chiquita. De là, le schéma prêté par notre hôtelier nous indique une boucle autour du Cerro Negro. Hésitants, curieux de découvrir ce qui se cache derrière les sommets nous avons très envie de partir sur cet itinéraire. Mais une observation du terrain ainsi que les indications fournies par le GPS nous dissuadent de nous engager dans cette boucle qui risque d'être longue alors que nous n'avons pas de vivres, si ce n'est quelques biscuits. Nous faisons donc 'sagement' demi-tour.






Laguna Mojanda et Cerro Negro
Durant notre retour sur la route de Quito la lumière est extraordinairement limpide et les prés dorés flamboient tandis que les volcans se dressent fièrement à l'horizon. La calotte glaciaire scintillante du volcan Cayambe domine de toute sa hauteur les hauts plateaux sur lesquels se déploie un patchwork de champs cultivés et de serres.
La petite route menant aux pyramides pré inca de Cochasqui est particulièrement inconfortable avec son revêtement de pierres irrégulières et nous secoue en tous sens. Heureusement que nous sommes récompensés par le vaste panorama qui s'ouvre sur la région de Quito et "l'avenue des volcans". Le cône lumineux du Cotopaxi pointe dans le lointain. Nous visitons le site accompagnés par une guide qui pratique un espagnol facilement compréhensible. Les pyramides sont toutes recouvertes de terre et seul un lieu de fouille permet d'en comprendre la structure. La promenade autour des pyramides est plaisante avec de nombreux lamas et chevaux qui se délectent avec gourmandise d'herbe rase et sèche.