A Tena, après quelques difficultés d'interprétation de la signalisation, nous trouvons la route de Puerto Misahualli qui s'enfonce dans la forêt à proximité du rio Napo. Sans être vraiment immergés au cœur de la forêt amazonienne nous en ressentons cependant rapidement l'ambiance. Moiteur de l'air, densité de la végétation et surtout les bruits divers et variés permanents: ça crisse, ça grésille, ça grince, ça siffle, ça stridule avec en bruit de fond les remous permanents de la rivière tout à côté. Une courte promenade nous fait découvrir le village modestement établi autour de sa petite place principale. Il y règne une ambiance assez nonchalante et détendue alors que les enfants gambadent autour des singes qui batifolent sur les arbres. Tandis que les familles se baignent juste à côté des pirogues motorisées promènent les touristes sur le rio Napo et transportent aussi les habitants avec leurs bagages vers les villages accessibles uniquement par le fleuve.
Depuis Quito nous nous dirigeons vers Papallacta par une route large et récemment aménagée qui remonte une vallée ouverte pour atteindre un col vers 4000m. La pente est soutenue et la voiture «peine» un peu dans cette longue côte. Nous trouvons le brouillard sous le col puis, dans la descente sur le versant est, une pluie continue nous accueille. La végétation change d'aspect: de nombreux arbres et arbustes verdoyants couvrent les raides pentes du Bosque Nublado. L'ambiance verdoyante et humide de l'Amazonie n'est plus très loin. L'atmosphère est très particulière et nous rappelle notre trajet sur la Carretera Austral il y a quelques années.
Entre Baeza et Tena le soleil refait son apparition et les contreforts des Andes brillent d'un éclat particulier comme lavés par la pluie récente tandis que de gros nuages bourgeonnants grignotent le ciel. Nous traversons quelques villages à l'aspect plutôt triste. Les rivières commencent à devenir moins squelettiques et bouillonnent dans les rapides.
A peine rentrés du dîner la pluie s'est mise à tomber et, toute la nuit, les averses de plus en plus fortes se sont succédées. Au réveil, nous sentons une bruine nous rafraîchir le visage au travers de la moustiquaire. Tout baigne dans l'humidité, les brumes s'accrochent au faîte des arbres et le rio Napo dont le courant est devenu violent a pris une couleur marron. Nous tentons d'aller voir "el arbol gigante" à proximité du village mais la pluie intense nous dissuade de quitter la voiture. Après avoir traversé le pont suspendu qui enjambe le rio Napo nous poursuivons vers la Punta. Au long de la route quelques glissements de terrain ont déposé leur couche ocre sur le bitume. À proximité du nouvel aéroport « international » une superbe route à 2 larges voies séparées vient d'être créée. Il faudra certainement attendre quelques années avant qu'elle ne soit saturée... Peu après la route bute sur le rio: quelques maisons colorées abritent les chauffeurs qui attendent le bac pour traverser vers Ahuano dans une ambiance de bout du monde sous la grisaille humide et tiède.
Nous revenons ensuite vers Puerto Misahualli pour faire quelques courses à l'épicerie pompeusement appelée supermarché où l'équipement informatique récent avec lecteur de code barre fait regretter la traditionnelle calculette beaucoup plus rapide. La pluie ayant cessé nous en profitons pour faire quelques photos de ce village beaucoup moins animé que la veille. L'ambiance est surprenante avec ses maisons colorées qui se mirent dans les flaques des rues défoncées et les singes qui guettent les passants et chapardent dans les boutiques.
Nous prenons ensuite la direction de Puyo par une belle route sinueuse au milieu de la forêt luxuriante dont les arbres lessivés brillent abondamment sous les premiers rayons du soleil. À Puyo, nous allons visiter le centre de réadaptation de la faune Yana Cocha (lagune noire en quechua) où quelques animaux de la forêt amazonienne, en particulier des singes, peuvent être observés. De nombreuses fleurs aux couleurs vives illuminent la végétation des lieux. Alors que je m'approche sur un sentier pour photographier de près quelques fleurs j'entends le bruit d'un plongeon soudain: quelle surprise d'apercevoir à quelques mètres un caïman apparemment dérangé par ma présence. Une belle frayeur rétrospective...