Durant quelques minutes au lever du jour une pâle et brumeuse lumière éclaire mystérieusement les pagodes survolées par quelques montgolfières suspendues dans un air sans aucune turbulence: tableau fascinant et irréel aux couleurs furtives.
Commence ensuite une découverte de quelques unes des pagodes les plus emblématiques: Shwezigon avec son massif stoupa doré brillant de mille feux où fidèles et touristes déambulent au milieu de novices, parfois très jeunes.
Avant de plonger dans le dédale de pagodes nous nous immergeons dans le marché, comme toujours très animé et riche en couleurs.
Dans un style moins grandiose, Gubyaukgyi est ornée de peintures murales très anciennes tandis que Htilominlo, avec ses 4 bouddhas dorés, s'impose comme un des plus grands temples de Bagan. À perte de vue apparaissent stoupas et pagodes de briques et de stuc souvent très endommagés par les nombreux tremblements de terre qui secouent la région.
L'après midi, pas encore saturés de pagodes, nous découvrons l'imposant temple d'Ananda et ses bouddhas au sourire mystérieusement changeant en fonction de l'angle de vision. C'est la période du festival annuel de la pagode et pèlerins et marchands affluent en nombre à cette foire qui dure une quinzaine de jours. Ce joyeux mélange de ferveur religieuse, d'échanges commerciaux et d'ambiance festive avec danseurs et musiciens nous étonne mais montre bien à quel point la vie quotidienne de ces populations est intimement liée aux préceptes bouddhiques.
Le jour suivant, ayant bien « digéré » les visites de la veille nous repartons vaillamment vers le monastère Nandamannya dont les cellules de méditation aménagées dans des grottes taillées semblent bien spartiates. Mais, sans doute, est-ce le prix à payer pour se détacher des biens matériels...Les locaux occupés par les 2 moines vivant ici sont quand même plus confortables.
Nous déambulons ensuite dans le village de Minnanthu perdu au milieu des temples. Certains villageois, bien que poursuivant leurs activités traditionnelles de paysans et d'artisans, ont cependant compris que les touristes appréciaient les « images clichés » d'enfants ou de vieilles femmes fumant leur cigare. Les femmes vont chercher l'eau dans le bassin voisin dont les réserves paraissent bien limitées durant cette saison sèche: que peuvent bien penser ces villageois qui doivent économiser chaque goutte d'eau alors que, dans les hôtels proches, les touristes profitent de douches, jacuzzis et piscines sans limite... Tandis qu'une certaine liberté semble régner dans l'organisation du travail de classe il est frappant d'observer les enfants écoutant, sans broncher et bras croisés, les observations de la maîtresse qui corrige leurs cahiers.
En retournant vers New Bagan nous faisons halte dans un atelier de fabrication de laque où le travail minutieux des ouvriers permet de créer des objets aux motifs colorés d'une grande finesse.
Pour terminer, nous découvrons, perchée sur les rives de l'Irrawady, la pagode Bupaya dont le dôme renflé est intégralement recouvert de nattes pour cause de restauration.. Tout à côté, le lac des poissons sacrés est fréquenté par les fidèles qui viennent nourrir les poissons de pop corn coloré
Dans l'après-midi nous rejoignons la gare de Bagan, pompeux bâtiment monumental quasi désert: le train ne semble pas très utilisé dans cette région et nous allons rapidement en comprendre la raison. À l'heure prévue nous investissons le compartiment avec couchettes qui nous a été réservé. À l'exception du contrôleur du train nous sommes seuls dans le wagon et nous apercevons 2 ou 3 personnes dans le wagon voisin. Dès que le train s'ébranle à très faible allure nous sommes secoués en tous sens, nos oreilles assaillies par tous les grincements et sifflements émis par les portes, fenêtres, roulements de ce wagon hors d'âge et notre dos torturé par le dossier sur lequel nous tentons de nous appuyer. À une allure de tortillard le train tangue, roule, brinquebale et nous avons tout loisir d'observer les paysages de rizières et de palmeraies et les misérables villages aux cases de bambou. Il nous faudra 17 heures pour rejoindre Yangon distant d'environ 600 kilomètres. Dans ce fracas et ces mouvements il est illusoire de chercher le sommeil et la nuit nous paraîtra bien longue!!!