19 heures de bus entre El Calafate et Ushuaia permettent d'apprécier l'isolement et l'éloignement de la Terre de Feu. Au passage du mythique détroit de Magellan le ciel, la terre et la mer se mêlent dans une ambiance brumeuse et humide. Pour distraire les passagers curieux durant la courte traversée quelques dauphins se donnent en spectacle autour du ferry. Bientôt, la Terre de feu se profile telle un mince trait barrant l'horizon. Au milieu de grasses prairies vertes une multitude de cours d'eau se déploient en interminables méandres. Les nombreux troupeaux de vaches ou de moutons paissent tranquillement insensibles à l'atmosphère saturée d'humidité. Aucun arbre, aucune butte ne se profile à l'horizon de ce paysage estompé par les vitres embuées du bus. La ville de Rio Grande avec ses rues luisantes sous la faible lueur des réverbères donne déjà une impression de bout du monde après toutes ces heures de voyage, Malgré l'obscurité, le changement de paysage est perceptible; quelques arbres décharnés font d'abord leur apparition, puis, peu à peu, les reliefs prennent de la vigueur et la route s'élève tout au long d'une vallée profonde jusqu'au paso Garibaldi avant de basculer pour une longue descente vers "el fin del Mundo"
C'est dans une ambiance très « nordique » que nous découvrons Ushuaia avec ses maisons colorées au bord du canal de Beagle sur fond de sommets et de glaciers, et un ciel gris qui semble se confondre avec la mer. La présence de nombreux touristes de tous les pays se manifeste par les multiples boutiques de souvenirs et les multiples stands qui proposent des promenades en bateau sur le canal. Autre « attraction » incontournable: le panneau « fin del mundo » devant lequel personne ne peut manquer de se faire photographier !!!
Le ciel bas n'est certainement pas un obstacle pour visiter le parc Tierra del Fuego, situé à quelques kilomètres d'Ushuaia. La route traverse d'épaisses forêts sombres et profondes, à l'aspect austère malgré les lacs qui les parsèment.
C'est à l'extrémité de la profonde baie de Lapataia que la route N° 3 trouve son terme après quelques milliers de kilomètres depuis Buenos Aires. Plusieurs sentiers permettent d'accéder rapidement à pied vers des belvédères ainsi qu'à une zone de tourbières et un barrage de castors. La bruine persistante donne aux arbres enrubannés de lichens un air fantomatique
En début d'après midi, quelques minutes suffiront pour que le soleil, assisté d'une bise fraîche, dissipe les nuages et nous permette de découvrir la baie Ensenada sous un jour très riant. Le sentier littoral se promène le long de petites criques bordées de prairies à l'herbe verte rutilante
Un voyage de quelques heures en bateau sur le canal de Beagle est naturellement une activité "inévitable": une fois l'abri du port quitté, la mer aux crêtes blanches malgré un vent modéré laisse pressentir sa violence les jours de tempête...
Quelques albatros au vol majestueux ainsi que des pétrels viennent planer autour du bateau. Sur les ilots isolés, quelques loups de mer patauds se prélassent sur les rochers au milieu des escadrilles de cormorans au vol rasant. Durant une courte marche sur l'île Bridges fouettée par le vent, comment imaginer que les premiers habitants pouvaient vivre dans ces contrées véritablement inhospitalières