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INDONESIE Après 11h
de vol, escale à Honk Hong. Attente. Quelques échappées depuis les parois vitrées
de l’aéroport nous dévoilent des lambeaux de vie et de ville : femmes
sous chapeaux chinois toutes de bleu vêtues grimpant dans un bus jaune,
gratte-ciel, écriture chinoise des panneaux publicitaires. Nous avons 6h de
décalage horaire en avance sur la France : journée rétrécie. Nous
perdons déjà quelques repères… Un autre
avion de la Cathay Pacific nous emporte vers Jakarta, capitale de Java et de
l’archipel indonésien tout entier. Ici, plus que 5h de décalage. Qu’importe !
Nous sommes ailleurs, fatigués mais déjà ici à Java, prêts à la découverte. Juno,
notre guide indonésien, nous attend, tranquille et souriant. Il le dit
d’emblée, gentiment,: ici, c’est le pays du sourire. La sympathie s’établit
immédiatement. Avec le
mini-bus qui doit nous conduire à Carita sur la côte ouest de Java, nous
traversons l’aéroport international, très semblable à tous les autres écriture
exceptée ,fleuri, ordonné, propre. Nous franchissons une double clôture
ET LA, brusquement, sans transition aucune, nous pénétrons dans un autre
monde. Une immersion immédiate, totale. Un monde de bruits, de poussière
moite, de saletés, une vie grouillante de gens à pied, à vélo, à moto,
poussant des carrioles, chargés de fardeaux énormes. Des gens s’entassant dans
de pauvres baraques, lavant leur linge dans l’eau glauque des canaux longeant
la route ou pêchant dans des rivières crasseuses. Un charroi continu, un
vaste embouteillage de ville en villages, une animation permanente à travers
laquelle, à grands coups de klaxon et sans jamais ralentir, notre chauffeur
de bus, pilote intrépide, se fraye un chemin. Amusés,
surpris, ahuris aussi, toute notre curiosité en alerte, nous ne cessons de
découvrir du regard cette manière de vivre si différente et nombreuses sont
les questions qui affluent dans nos têtes au cours de ces trois heures de
parcours jusqu’à notre première étape. Très vite nous comprenons qu’il va
falloir avec patience et respect, l’esprit libre et ouvert, pénétrer dans un
autre univers dont la richesse foisonnante nous saisit dès l’abord. Par une
petite route souvent défoncée, impressionnante tant les virages y sont serrés
et la pente accentuée, nous dégringolons les flancs du Kawa Ijen pour
retrouver le bord de mer à Banyuwangi, à l’extrême Est de Java. Ce lieu de
transit sans intérêt n’est qu’une base de départ pour Bali. Nous
embarquons sur un ferry dont l’apparence vétuste sème quelques doutes dans
notre groupe. Une fois à bord, nous le découvrons franchement rouillé… Enfin ,
nous n’avons que 45mn de traversée à priori !!! Nous distinguons déjà
les côtes balinaises… Les
sièges verdâtres de simili-cuir élimé de la salle intérieure accueillent une
foule bariolée et d’autant plus bruyante qu’elle essaie de vaincre les
décibels déversés par une sono poussée à fond car elle-même est en
concurrence avec les vrombissements sourds des moteurs du bateau…Dilués dans
tout ce vacarme, les volutes de fumée de cigarettes, les relents de pétrole
et bizarrement des odeurs de cuisine se mélangent et achèvent de nous
décourager. Nous fuyons vers les ponts supérieurs ! Des
gamins du village, négocient avec les passagers, pour une poignée de roupies,
un plongeon spectaculaire dans les eaux grasses du port ! Sans
succès…mais ils sautent tout de même depuis le pont, une dizaine de mètres
plus bas, au milieu des chaînes, des cordages et des plots de béton… Personne
ne semble s’inquiéter . Sécurité ? Probablement une lubie
d’occidental ! Ici, la vie s’appréhende autrement ; une philosophie
teintée de fatalisme nourrit le quotidien… Nous
débarquons à Gilimanuk, à l’ouest de Bali. Si nous
trouvons encore poussière et saleté, nous découvrons très vite une atmosphère
différente de celle de Java : moins de circulation, moins de pauvreté
peut-être mais surtout l’empreinte permanente dans l’architecture très
décorée, dans la présence des multiples temples y compris dans les jardins
privés, de la religion hindoue. Bali ,
c’est certain, nous réserve des surprises pour les jours à venir… |