Tupiza
Pour passer de
l'Argentine à la Bolivie il nous suffit de franchir à pied le pont
sur le rio de la Quiaca... et nous sommes immédiatement plongés
dans un autre univers : activité grouillante, musique
tonitruante dans toutes les boutiques et costumes traditionnels des
femmes. Notre première étape est Tupiza, une ville sans charme,
mais point de départ vers les curiosités du sud Bolivien :
roches rouges et canyons aux allures de far west, villages
d'altiplano aux maisons d'adobe, reliefs volcaniques érodés en
aiguilles de la « ciudad del encanto ». À plus de 4000 m
nous découvrons le village fantôme de San Antonio de Lipez où se
cachent les viscaches. Ses maisons ruinées ont abrité autrefois de
nombreux mineurs, esclaves des espagnols. La région est en effet
très riche en minerais : argent, or, cuivre, plomb, etc...
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Sud
Lipez
Nous traversons la
réserve nationale Eduardo Avaroa, la plus fantastique partie de
notre périple dans le sud Lipez. Vers 4200 m dans les « bofedales »,
zones humides, paissent les troupeaux de lamas que les éleveurs
rassemblent chaque nuit dans des enclos de pierres. Les pistes
poussiéreuses nous emmènent à travers des paysages désertiques
jusqu'à 5000 m d'altitude. Là, c'est le royaume des « lagunas »,
bleues, vertes, rouges, riches en minerais. La chaîne des volcans
andins, frontière entre la Bolivie et le Chili, barre l'horizon.
Quelques congères de neige balisent la piste, le froid est intense,
mais on peut toujours se réchauffer dans les eaux chaudes de
Chalviri ou près des fumerolles de sol de Manana. Un deuxième jour
nous ramène à « l'Italiano perdido », curieuses
formations rocheuses qui dominent la laguna Vinto. Plus loin, nous
faisons une balade dans des zones de tourbières enserrées dans des
laves solidifiées jusqu'à la laguna Negra. C'est un endroit
enchanteur où vivent de nombreuses mouettes andines. Avant d'arriver
à Julaca, ancienne gare au milieu de nulle part, nous avons
découvert au fond d'un canyon aride profond de 120 m le serpent
d'eau verte d'un rio appelé Anaconda.
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Salar d'Uyuni
Voilà, nous y sommes :
le salar d'Uyuni, c'est le plus grand salar du monde. Au soir
couchant, à Puerto Chuvico, on se croirait vraiment au bord de la
mer avec des vagues mourantes. Au lever du soleil, les lointains
volcans qui l'entourent se teintent de rose. Du haut de l'île aux
cactus candélabres, nous apparaît toute son immensité : 12500
km2.
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Potosi
Installée à 4100 m
d'altitude sur le piémont du cerro Rico, Potosi est aujourd'hui une
grande ville brouillonne. Les mines d'argent exploitées depuis les
incas ont fait sa formidable richesse mais les temps ont changé et
la pauvreté des quartiers périphériques est palpable. Par contre,
son centre historique, classé au patrimoine mondial, offre de
grandes places arborées et un damier de ruelles pentues bordées de
maisons colorées. Les bus « collectivos » essouflés y
crachent leur fumée noire en permanence. De nombreuses églises
s'enrichissent de porches baroques ainsi que certaines maisons
coloniales aux patios fleuris.
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Sucre
Sucre, capitale
constitutionnelle de la Bolivie, s'étale sur une série de collines
à 2750 m d'altitude. Le centre historique très riche en beaux
bâtiments d'époque coloniale nous a vraiment charmés. De
nombreuses portes s'ouvrent sur de beaux patios, véritables havres
de paix au cœur de la ville animée. Nous avons déambulé autour de
la place du 25 juillet où se trouvent à la fois cathédrale et
bâtiments officiels. Nous y avons assisté à la parade de la police
et de l'armée accompagnée par la musique percutante des fanfares et
au défilé des « cholittas ». Un petit tour au marché
est toujours un plaisir pour découvrir mode de vie et produits
locaux.
Une journée de balade
dans la cordillère de los Frailes nous a entraînés sur le camino
Inca vers les villages Jalq'a au sein de paysages arides et de
vallées enclavées. Un spectacle de danses traditionnelles a clôturé
notre séjour !
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La Paz
La Paz ! Il n'y a de
paix que dans son nom. La capitale la plus haute du monde, étagée
entre 3200 et 4000 m d'altitude, s'agrippe aux flancs montagneux d'un
vaste canyon aride utilisant le moindre espace libre pour y poser ses
maisons de brique (et de broc...) et ses hauts buildings. C'est un
chaos urbain, bariolé, mouvementé, malodorant et bruyant. Dans les
ruelles escarpées d'innombrables étals et mini boutiques de
trottoirs proposent de tout. On y trouve même un « marché des
sorcières » qui vendent herbes, filtres et pierres magiques et
fœtus de lamas (à déposer sous les maisons en construction). De
ses bâtisses coloniales il ne reste, le plus souvent, que quelques
façades défraîchies. Mais, comme partout en Bolivie, elle est
toujours prête à faire la fête. Nous y arrivons pour la
commémoration d'une tentative d'indépendance et du soulèvement
contre la couronne espagnole. Tout cela s'accompagne de discours
officiels, de défilés militaires et de danses sous la protection de
la virgen del Carmen.
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Tiwanaku
De La Paz, nous partons à
70 kilomètres vers l'ouest pour visiter l'ensemble des ruines de la
cité religieuse et culturelle de Tiwanaku. Cette civilisation
établie dès 1500 avant JC au bord du lac Titicaca a connu son age
d'or du 8 ème au 12 ème siècle après JC. Cet empire théocratique
s'est même étendu de l'Amazonie à l'océan Pacifique. Avant les
incas, les habitants avaient déjà tracé des chemins dallés,
maîtrisaient l'irrigation, avaient des connaissances en astronomie
et savaient traiter les métaux. Le site, très vaste, comprend un
temple dédié au soleil avec ses portes, ses statues géantes et ses
murs cyclopéens, une pyramide à 7 niveaux et un temple semi
souterrain dont les murs sont ornés de 172 tètes anthropomorphes.
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Lac Titicaca
Il baigne à la fois le
Pérou et la Bolivie. Son bleu profond nous séduit immédiatement.
Avec ses îles, ses criques, ses plages, ses mouettes, le bruit de
ses vagues on pourrait se croire au bord de la mer. Mais nous sommes
au lac Titicaca à plus de 3800 mètres. Nous nous basons à
Copacabana après la traversée du détroit de Tiquina sur des barges
rudimentaires et une longue route de crête panoramique. À
Copacabana, on n'échappe pas à l'ambiance balnéaire (musique
tonitruante dans les rues, vendeurs racoleurs et jeux de plage
colorés). L'architecture débridée et très kitsch des hôtels qui
poussent comme des champignons contraste avec celle plus sobre de la
blanche cathédrale. De l'eau bénite est à disposition des fidèles
pour baptiser leurs nouvelles voitures...
Des problèmes de
rivalités communautaires cantonnent les touristes à la partie sud
de l'Isla del Sol qui se trouve à 1h30 de bateau de Copacabana.
L’île sculptée par les cultures en terrasses abrite les ruines de
l'ancien palais inca de Pilkokaina. Nous faisons une agréable
randonnée autour du cap sud pour rejoindre le village étagé de
Yumani face à la cordillère royale.
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Cordillère Royale et Yungas
Au nord est de La Paz
s'étire la Cordillera Real. Nous traversons l'altiplano pour nous en
approcher et aller explorer ses autres versants plus raides. À
l'extrémité nord dominée par l'Illampu (6368 m) nous plongeons
dans la profonde vallée où niche le village poussiéreux de Sorata.
Nous randonnons vers la laguna Chillata située au pied de l'Illampu
à 4200 m. Nous continuons notre exploration de cette région nommée
« les Yungas » en franchissant la cordillère même à la
Cumbre. Là commence notre vraie aventure bolivienne : la neige
nous accueille sur le versant abrupt qui descend vers Coroico. Elle
recouvre rapidement la chaussée et surprend les conducteurs peu
accoutumés à ces conditions. Les minibus dérapent, les passagers
poussent, tirent pour les remettre sur les rails, les camions et les
grands bus sont bloqués et les automobilistes qui tentent de
zigzaguer entre tous ces véhicules patinent, se retrouvent nez à
nez avec ceux qui montent et, finalement, tout le monde est à
l’arrêt. On se demande avec une légère anxiété si on ne va pas
passer la nuit ici, à 4000 m, dans la voiture... Peu à peu, une
entraide se met en place et les véhicules les plus aguerris
réussissent à se faufiler. Notre 4X4 passe vaillamment les
obstacles et, au pas, réussit à atteindre la limite neige-pluie.
Nous arriverons fort tard à l’hôtel ! Le matin suivant, les
nuages stagnent au fond de la vallée mais le village perché à 1700
m est déjà au soleil et nous repartons balader.
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Parc de Sajama
De retour des Yungas,
nous repassons par l'incontournable La Paz pour atteindre l'immense
altiplano. Après Patacamaya, à travers de magnifiques paysages
colorés parsemés de petits hameaux d'adobe et de chullpars (tombes
aymaras datant du 13 ème au 16 ème siècle) la route nous mène au
parc national de Sajama, à la frontière chilienne. Le Sajama (plus
haut sommet de Bolivie à 6540 m) trône au centre d'un altiplano
riche en geysers, sources thermales et lagunes. Une incroyable
succession de hauts « nevados », volcans dont plusieurs
dépassent les 6000 m, barre l'horizon. Ici, seuls les lamas n'ont
pas froid et prennent des bains de pied dans les rivières...
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Torotoro
Le parc national de
Torotoro offre un décor exceptionnel où nous allons randonner. De
spectaculaires plissements de terrain en forme de vagues abritent de
très nombreux fossiles marins et des empreintes de dinosaures.
Torotoro est aussi un petit village perdu au bout d'une longue route
pavée à 2700 m d'altitude. Il conserve ses maisons anciennes en
murs de pisé. On
y parle le quechua et on y rencontre des femmes filant la laine à la
quenouille. Les troupeaux paissent tranquillement dans les champs.
Nous voilà plongés dans la Bolivie profonde.
Un chemin abrupt nous permet de descendre au fond du
canyon du rio Torotoro profond de 300 m environ. On se trouve alors
entouré d'une végétation exubérante qui l'a fait surnommer « el
Vergel » (le verger). 1000 mètres plus haut, à 3700 m, dans
un paysage ocre et rouge façonné par l'érosion, on découvre la
cité d'Itas. C'est en fait un labyrinthe de cavités creusées par
les vagues lorsque ces falaises étaient en bord de mer au temps des
dinosaures. Le parc est aussi un des derniers sanctuaires naturels
des condors.
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Santa Cruz de la Sierra
Santa Cruz de la Sierra,
à la porte de l'Amazonie, n'est pas à proprement parler une ville
de charme. Nous y avons été bloqués par 2 jours de pluies intenses
qui nous ont empêchés d'explorer ses environs. Nous avons donc
arpenté ses rues, protégés par les longs passages d'arcades. Le 6
août, jour de la fête nationale nous nous attendions à de grands
défilés, mais seule une modeste fanfare attendait quelques
personnalités à la sortie de la cathédrale... Faute de pouvoir
aller observer les animaux sauvages de la selva nous avons fait un
petit tour dans le zoo municipal qui accueille les principales
espèces animales de la Bolivie !
Ainsi s'achève notre
séjour sud américain. Hasta luego.
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